BEAUHARNAIS, Stéphanie de, (1789-1860), Princesse de Bade

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Fille de Claude III de Beauharnais, 2e comte des Roches-Baritaud, et d’Adrienne de Lezay-Marnésia, Stéphanie fut confiée, après l’émigration de son père et la mort de sa mère, à une amie irlandaise qui, devant elle aussi émigrer, la remit à deux anciennes religieuses de l’abbaye de Panthémont.

Mmes de Trébissac et de Sabatier. Là, elle fut élevée dans les sentiments du plus strict royalisme, lorsqu'à 12 ans elle fut soudain demandée à Paris.
Son oncle de Lezay-Marnésia avait rappelé l'existence de cette lointaine parente à la générale Bonaparte qui, avec l'accord du Premier Consul décide d'assurer son éducation. On devine la surprise de la jeune fille, transportée dans un véritable conte de fée et qui, du jour au lendemain, passe de Montauban aux Tuileries. Elle est pleine de vie et de spontanéité et séduit immédiatement le général et Madame Bonaparte.
Placée chez Madame Campan elle reçoit l'éducation qui lui manque, sans devenir jamais une bonne élève; nouvelle surprise, elle est promue princesse héréditaire de Bade, lorsque Napoléon lui choisit comme époux le prince Charles qu'Eugène venait de supplanter auprès de la princesse Auguste de Bavière. Moins que tout autre. Stéphanie, dans son insouciance, était préparée à un tel rôle et l'histoire de son mariage est celle de difficultés conjugales qui compliquent singulièrement la politique de l'Empereur dans le Grand Duché.
Dans un message au Sénat du 4 mars 1806 l'Empereur annonce sa décision d'adopter Stéphanie de façon à faciliter une << union qui nous a paru conforme à notre politique et au bien de nos peuples>>. Le mariage est célébré avec pompe le 8 avril et suivi de nombreuses festivités. Mais Stéphanie ne semble pas beaucoup apprécier son nouvel époux et lui consigne sa porte dès le premier soir jusqu'à ce que Napoléon se fâche. Le 1er juillet 1806, elle part pour l'Allemagne avec regret augurant bien mal de cette union.
L'histoire de la grande duchesse Stéphanie est en effet marquée par celle de ses démêlés avec son époux. Elle trouvait au reste une situation complexe Le grand duc régnant Charles-Frédéric (1728-1811) était entouré de ses deux fils cadets, le margrave Frédéric (1756-1817), et le margrave Louis resté célibataire.Stéphanie avait à compter avec l'hostilité de la margrave Amélie qui n'admettait pas le mariage de son fils. De plus la comtesse de Hochberg, maîtresse du grand-duc régnant dans son désir de faire reconnaître ses enfants s'opposait aux margraves Louis et Frédéric.
La chronique de cette cour est pour une part celle des entreprises favorables ou hostiles à la réconciliation entre les deux époux. Le 7 janvier 1808, une lettre comminatoire de l'Empereur exige le départ du margrave Louis mauvais conseiller de Charles. En 1810 les deux époux viennent à Paris, à l'occasion des fêtes du mariage impérial, et doivent prouver à l'Empereur leur entente. Stéphanie par son charme, son impulsivité est peu sensible aux obligations politiques qui sont les siennes et suit ses intuitions, se refusant aux concessions nécessaires. L'équilibre dépend de beaucoup des conseils qu'on peut lui donner, selon que la comtesse Walsh est présente ou qu'elle s'entende avec le ministre de France à Carlsruhe. Il ne faut peut-être pas du reste exagérer les péripéties de cette chronique conjugale, car le 14 juin 1811, elle met au monde une fille, Stéphanie, le 29 septembre 1812, un fils mort le 16 octobre dans des conditions jugées douteuses, et que l'on crut plus tard être Gaspard Hauser. Elle aura encore trois enfants entre 1813 et 1817.
Après le départ des troupes françaises, Stéphanie montre courage et ardeur pour défendre auprès des coalisés la cause de son époux, comme elle aide Hortense après la chute de l'Empire. Elle se retire alors à Mannheim à 29 ans, après la mort de son mari en 1818. Le drame de la deuxième période de sa vie est celui de l'apparition de Gaspard Hauser dans lequel Stéphanie crut reconnaître son fils mort en 1812. La mort de Gaspard Hauser assassiné en 1828, les raisons de sa séquestration, les intrigues de la comtesse Hochberg, l'identité de Gaspard constituent un mystère toujours sans solution, mais qui assombrit la vie de Stéphanie et entoure cette femme charmante et légère d'une atmosphère dramatique. Aimée pour sa bonté et sa charité, revenant souvent en France, comblée par l'avènement de Louis Napoléon Bonaparte à la fortune duquel elle s'était attachée, la << bonne duchesse>> s'éteignit à Nice, le 29 janvier 1860, entourée d'une considération et d'une affection qui la rendaient populaire.

Auteur : Fernand Beaucour
Revue : Revue du Souvenir Napoléonien
Numéro : 258
Mois : 04
Année : 1971
Pages : 44-45

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